Programme
-|- Horaire
des sessions
Programme de la Formation continuée en
Rythme
Objectif
La performance et l’intégration rythmiques
sont intimement liée au corps en mouvement : l’expérience
personnelle ainsi que des recherches scientifiques le prouvent.
Or il se fait que, dans notre enseignement musical, non seulement
le travail du rythme est extrêmement négligé,
mais en plus l’approche corporelle est quasi totalement absente.
L’objectif de cette formation est de remédier à cette
carence en proposant une sensibilisation à la réalité
rythmique dans une perspective pédagogique alternative et
complémentaire.
Premier temps
Pour cette raison, le point de départ de
cette formation consiste en une prise de conscience et une acceptation
du corps et de ses mouvements. Celle-ci a lieu de manière
non directive et en situation, c’est-à-dire qu’on veille
à laisser à chacun la possibilité de se découvrir
par lui-même en organisant des activités propices à
cet effet.
On privilégie donc le travail corporel,
la redécouverte des messages venant de l’intérieur:
une ouverture aux sensations kinesthésiques, à la
gravitation, à la sensation de poids qui en découle,
à l’équilibre. Une prise de conscience pour chaque
individu de son tonus musculaire et de l’agitation ou l’inertie
qui en résultent dans l’exécution de certains mouvements.
Une attention aux rythmes fondamentaux du corps comme la respiration
ou les battements cardiaques mais aussi aux fluctuations
de la vigilance, aux rythmes circhoraux, circadiens etc. Finalement,
un examen des résistances du corps, des blocages psychomoteurs
inhibant la transmission des informations rythmiques, une exploration
de l’aise ou du malaise des différentes parties du
corps dans le geste rythmé.
Deuxième temps
On s’attache ensuite petit à petit à
retrouver le lien entre cette expérience motrice et la
pratique rythmique. Il s’agit de développer un nouvel
apprentissage au travers du vécu rythmique, de construire,
fonder une élaboration rythmique sur cette base solide de
sensations corporelles et psychologiques. Il faut bien comprendre
que celle-ci doit demeurer toujours la condition préalable
à toute tentative d’aborder l’une ou l’autre forme de complexité
rythmique. On restera donc sans cesse vigilant vis-à-vis
de cette tentation à "se faire illusion", à se prouver
par une forme de coercition sur soi-même qu’on est capable
de réaliser telle ou telle gageure, quand il ne s’agit la
plupart du temps que d’une contrefaçon dénuée
de sens. Tout rythme - aussi complexe soit-il - devra toujours prendre
sa source (et son sens) dans l’expérience vécue de
la pulsation fondamentale.
Dans cette perspective de rencontre entre corps et rythme, que signifient
un temps fort, une syncope, un contretemps du point de vue corporel
? À quelles sensations correspondent la pulsation binaire,
la pulsation ternaire ? Quelles valeurs rythmiques, quels tempos
se marient le mieux avec les différentes parties du corps?
Dans quels cas le corps s’implique-t-il tout entier, en partie?
Quels rapports rythmiques existe-t-il entre les différents
segments corporels ? Et par extension: quels sont les gestes
qui peuvent aider dans la prise de conscience - et la réalisation
- de tel ou tel rythme ? Quelle est la représentation mentale
élémentaire qui fait associer tel mouvement, telle
attitude à tel phénomène rythmique?
Troisième temps
Vient ensuite le moment de cette formation où
est abordé le travail sur le rythme lui-même, c’est-à-dire
l’examen des relations existant entre les différents éléments
d’un rythme et leur interaction: l’influence de l’accentuation,
le statut du contretemps, la notion d’unités ou d’ensembles
rythmiques, le rôle de la hauteur, la polyrythmie etc. On
s’attache alors à développer en parallèle la
faculté d’intériorisation rythmique.
On apprend à sentir sans nécessairement exprimer,
à imaginer tout ce qui est implicite dans un rythme en se
bornant à ne laisser apparaître que certains éléments.
Ainsi, pour chaque interprète, le rythme devra demeurer un
tout signifiant vécu intérieurement, mais dont une
partie seulement sera rendue sonore.
On s’attache ici à percevoir, à analyser,
à pratiquer des exemples rythmiques sur base des expériences
vécues au cours des sessions précédentes. On
y aborde les problèmes de division de la pulsation (en 2,
3, 4, 5 etc.), de juxtapositions de telles divisions, de leurs mélanges
(2 contre 3 etc.); les différentes polyrythmies résultant
de la superposition d’une autre pulsation à la pulsation
de base (groupement par 3 croches en 4/4 par exemple); l’influence
de l’accentuation et de la durée ainsi que des paramètres
non rythmiques comme la hauteur, le timbre, la courbe mélodique
ou l’harmonie sur la perception d’un rythme; enfin la composition
de rythmes en cycles - la genèse donc de la structure, de
la forme rythmique et son appréhension pratique.
Quatrième temps
Finalement, on envisage l’expérience rythmique
acquise pendant les phases précédentes sous l’angle
de la pratique instrumentale et pédagogique de chacun.
Sur le plan instrumental, on examine à quels
niveaux gestuels ou moteurs se situe l’articulation du vécu
rythmique de l’individu par rapport à son instrument. Le
rythme se ressent-il au niveau du diaphragme, de la glotte, de la
langue ou bien au niveau de l’épaule, du coude, de l’avant-bras,
du poignet, des doigts ? Quel est le rapport entre le geste instrumental
et le rythme produit ? Certains mouvements concomitants sont-ils
favorables à l’exécution signifiante de certains rythmes
? Est visé ici le travail de jonction entre l’expérience
rythmique et la pratique instrumentale en vue de l’interprétation,
une interprétation qui ne résulte plus seulement d’une
obédience stylistique ou d’une interrogation rationnelle,
mais qui émane, en outre, d’une expérience personnelle,
d’un vécu chargé de sens.
Sur le plan pédagogique, on se pose la question
des modalités selon lesquelles ce savoir peut se transmettre
d’enseignant (riche de son acquis) à enseigné (inexpérimenté
par définition). On envisage les aptitudes de base à
développer chez l’enfant au vu de sa compétence rythmique
ainsi que les exercices adaptés à cet effet. On évoque
les différentes situations d’apprentissage susceptibles de
favoriser l’intégration rythmique de l’élève.
Intervient également la question de l’attitude de l’enseignant
vis-à-vis de la matière dispensée ainsi que
celle du rapport enseignant - enseigné le plus approprié
à l’acquisition des compétences, à la passation
du savoir. On passe finalement en revue toute une série de
situations concrètes vécues par les uns et les autres
dans la perspective d’une meilleure adaptation de l’approche pédagogique
de l’enseignant aux besoins de l’élève. On évoque
les cas difficiles en tentant de les comprendre et d’y apporter
des éléments de solution. On tente de dégager
des exemples étudiés une philosophie et une méthodologie
générales de l’enseignement du rythme
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